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La théologie catholique nous enseigne que, contrairement à ce que professaient les manichéens qui croyaient en un dieu du mal, le mal n’a pas été créé mais est un non- être, une absence d’être et de bien, une négation du Bien. Tout ce que Dieu a créé est bon : l’homme a été créé bon, même Lucifer et les anges qui l’ont suivi, ont été créés bons.
C’est pour cela que la racine du péché n’est pas dans un acte consistant mais provient plutôt d’un désordre, d’une dysharmonie relative à la considération ou à l’usage de l’ordre matériel créé. Le péché véniel est du reste défini comme la « conversion aux créatures » pouvant mener à « l’aversion de Dieu » qui est la définition même du péché mortel.
« Revenez à moi de tout votre cœur, avec des jeûnes, avec des larmes et des lamentations »
Les choses matérielles sont bonnes et voulues par Dieu
Attention ! Il faut bien préciser que les choses matérielles, étant créés par Dieu, sont bonnes en soi et partant le plaisir qu’elles peuvent procurer est légitime ! Si Dieu a créé quelque-chose d’agréable, ce n’est pas pour que nous le trouvions désagréable, et nous pouvons même affirmer que le détournement dans l’usage de ces choses pour en obtenir un désagrément serait contraire à la volonté de Dieu et donc serait une faute : il s’agirait là d’un usage contre-nature c’est-à-dire contraire à la loi naturelle qui est l’ordre inscrit par Dieu dans les choses elles-mêmes. Ainsi dénaturer un aliment, par exemple, sous prétexte de pénitence serait contraire à ce que demande l’Eglise pendant le Carême : une chose est d’appauvrir sa nourriture par ascèse, une autre est de la dénaturer ; nous pouvons retirer, par exemple, le sucre du café sans pour autant consommer du café brûlé ! D’ailleurs, de façon générale, il convient ici de rappeler ce célèbre adage de la sagesse chrétienne qui enseigne que l’Eglise n’est nullement contre le plaisir mais uniquement contre le désordre …
Chanoine Alexis d’Abbadie d’Arrast
1er dimanche de Carême - Année C
Revenez à moi!
Mais alors comment comprendre ce temps du Carême qui commence et où l’Eglise invite les fidèles à la pénitence ? Cela ne serait-il pas contraire à la loi naturelle et donc à la volonté même de Dieu ? Comment Dieu pourrait-il se réjouir de voir ses enfants dans la privation et l’austérité ? Avouons-le, le monde contemporain se fait souvent une fausse image d’Epinal du Carême et de l’ascèse chrétienne en général réduit en une sordide opération masochiste… Répondons-lui que l’hérésie janséniste est condamnée par l’Eglise depuis longtemps !
« Revenez à moi de tout votre cœur, avec des jeûnes, avec des larmes et des lamentations » nous dit le Seigneur par la bouche du prophète Joël qui qualifie le Bon Dieu comme « miséricordieux et compatissant, lent à la colère et riche en bonté. » Ainsi nous comprenons bien que le but du Carême n’est nullement la pénitence pour la pénitence, l’ascèse pour l’ascèse mais bien le retour vers Dieu, soit un temps de retrouvailles avec notre Dieu. Nous l’avons dit, le mal, le vice, le péché proviennent d’un mauvais usage de l’ordre matériel et c’est pour cela que la frustration temporaire de cet ordre est propre à nous recentrer sur Dieu. Il ne s’agit donc pas de mépriser cet ordre mais de le restreindre pour retrouver Dieu ! Du reste Joël affirme plus loin dans son texte prophétique : « Le Seigneur a répondu et dit à son peuple : Voici que je vais vous envoyer le blé, le vin nouveau et l’huile, et vous en serez rassasiés. » Comment ne pas discerner le profond Amour de Dieu, surtout lorsqu’il annonce ici la Sainte Eucharistie à travers le blé et le vin nouveau et même les autres sacrements avec l’huile ?
Alors, que ce Carême qui commence soit pour nous tous un Carême de joie car il doit nous faire revenir vers Dieu : il est une montée certes du Golgotha mais c’est pour mieux nous faire sortir du tombeau où nous aurons laissé le vieil homme pour renaître d’une vie nouvelle !
Le but du carême: revenir vers Dieu
Chanoine Alexis d’Abbadie d’Arrast
5 mars 2022
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